Anne Redpath (1895-1965), The Poppy Field, vers 1963,
huile sur toile, 76,2 x 76,2cm, Tate Gallery
Victor Fleming, Le Magicien d'Oz, scène des coquelicots, 1939
adaptation du roman éponyme de L. Frank Baum
adaptation du roman éponyme de L. Frank Baum
“On
a half-reaped furrow sound asleep,
Drowsed with the fume of poppies,
while thy hook
Spares the next swath and all its twinèd flowers.”
John Keats
Anselm Kiefer, Bohemia Lies by the Sea, 1996
huile, émulsion, pigments, charbon sur burlap, 191,1 x 561,3cm, Metropolitan Museum
Claude Monet, Jardin de coquelicots près de Giverny, 1885
huile sur toile, Museum of Fine Arts, Boston, Massachusetts
TV on the Radio, Poppy, concert à la Route du Rock, Fort Saint père, 2004
(J'Y ETAIS)
“The great events of life often leave one unmoved; they pass out of consciousness, and, when one thinks of them, become unreal. Even the scarlet flowers of passion seem to grow in the same meadow as the poppies of oblivion.”
(J'Y ETAIS)
“The great events of life often leave one unmoved; they pass out of consciousness, and, when one thinks of them, become unreal. Even the scarlet flowers of passion seem to grow in the same meadow as the poppies of oblivion.”
Oscar Wild
Vincent Van Gogh, Champs de coquelicots, juin 1890
huile sur
toile, 73 x 91.5 cm. Haags Gemeentemuseum, La Hague, Pays
"Le songe d'Alcyone", les Métamorphoses, Ovide
Junon ne peut souffrir qu’Alcyone lui adresse encore des prières pour
un époux qui n’est plus, et voulant de son autel écarter ses mains
funestes et des vœux superflus: «Iris, dit-elle, de mes volontés fidèle
interprète, pars, vole rapidement au palais du Sommeil; ordonne-lui
d’envoyer vers Alcyone un Songe qui, sous les traits de Céyx, lui fasse
connaître son naufrage et sa mort.» Elle dit. Iris a revêtu sa robe aux
mille couleurs; elle part; son arc brillant trace sa route. Elle vole
vers l’antre du Sommeil.
Près du pays des Cimmériens, un mont
creusé en voûte recèle un antre profond, du Sommeil nonchalant retraite
et palais solitaire. Soit que le soleil se lève à l’orient, soit qu’il
arrive au milieu de sa carrière, ou que vers l’Hespérie il abaisse son
char, jamais ses rayons ne pénètrent l’obscurité de ces lieux. D’humides
brouillards les environnent. Un jour douteux à peine les éclaire.
Jamais le chant du coq n’y appelle l’Aurore. Jamais le silence n’y est
troublé par la voix des chiens vigilants, par celle de l’oiseau qui,
plus fidèle encore, sauva le Capitole. On n’y entend jamais le lion
rugissant, l’agneau bêlant, ni l’aquilon sifflant dans le feuillage, ni
l’homme et ses clameurs. Le repos muet habite ce désert. Seulement du
fond de la caverne obscure, sort un ruisseau, image du Léthé, qui, sur
les cailloux roulant une onde paresseuse, par son doux murmure appelle
le sommeil. Autour de l’antre croissent diverses plantes et fleurissent
d’innombrables pavots. La Nuit exprime leurs sucs assoupissants, et les
répand dans l’univers. Rien ne défend l’entrée de ce palais; aucune
garde n’y veille. Une porte tournant sur ses gonds du dieu fatiguerait
l’oreille. Au fond s’élève un lit d’ébène fermé d’un rideau noir. Là,
plongé dans un épais duvet, le dieu sans cesse repose ses membres
languissants.
Autour de lui, sous mille formes vaines, sont
couchés des Songes, égaux en nombre aux épis des champs, aux feuilles
des forêts, aux sables que la mer laisse sur le rivage. Iris écarte, de
ses mains, les Songes fantastiques; elle entre: les feux dont brille son
écharpe de ce palais éclairent les ténèbres. Le dieu ouvre à peine et
referme ses yeux appesantis. Plusieurs fois il se soulève sur sa couche
et retombe. Plusieurs fois son menton se relève et sur son sein
redescend. Enfin il s’arrache à lui-même, et sur un bras languissamment
penché, il reconnaît la déesse, et demande quel motif l’amène dans ces
lieux:
«Sommeil, dit-elle, repos de la Nature; ô toi, des dieux
le plus paisible; Sommeil, paix de l’âme, doux remède aux peines qu’elle
endure; qui du corps répares la fatigue et lui rends sa vigueur:
commande aux Songes, qui du vrai sont l’image fidèle, d’aller à
Trachine, sous les traits de Céyx, apprendre à la triste Alcyone le
naufrage de son époux. Tel est l’ordre de Junon». Iris a rempli son
message, et s’envole soudain.
Elle ne pouvait plus résister à la
vapeur assoupissante qui déjà se glissait dans ses sens. Elle remonte au
céleste séjour, sur cet arc brillant qui l’avait amenée.
Parmi
ses mille enfants, le Sommeil choisit Morphée habile à revêtir la forme
et les traits des mortels. Nul ne sait mieux que lui prendre leur
figure, leur démarche, leur langage, leurs habits, leurs discours
familiers. Mais de l’homme seulement Morphée représente l’image. Un
autre imite les quadrupèdes, les oiseaux, et des serpents les replis
tortueux. Les dieux le nomment Icélos, les mortels Phobétor. Un
troisième, c’est Phantasos, emploie des prestiges différents. Il se
change en terre, en pierre, en onde, en arbre; il occupe tous les objets
qui sont privés de vie. Ces trois Songes voltigent, pendant la nuit,
dans le palais des rois, sous les lambris des grands; les autres, Songes
subalternes, visitent la demeure des vulgaires mortels. Ce n’est point à
ces derniers que le Sommeil s’adresse. Il n’appelle que Morphée. Il le
charge de remplir les ordres de Junon, et succombant aux langueurs du
repos, il retombe sur sa couche, abaisse sa paupière, et s’endort.
Morphée
vole à travers les ténèbres. Son aile taciturne ne trouble point le
silence de l’air. Dans un instant il arrive aux remparts de Trachine. Il
dépose son plumage sombre, prend les traits de Céyx, et, sous cette
forme, nu, livide, et glacé, il s’arrête devant le lit de la triste
Alcyone. Sa barbe est humide, et l’onde a mouillé ses cheveux épars. Il
se penche sur le lit, et le visage baigné de larmes:
«Malheureuse
épouse, dit-il, reconnais-tu Céyx? La mort a-t-elle pu changer mes
traits? Regarde: c’est ton époux, ou plutôt c’est son ombre. Tes vœux,
chère Alcyone, ne m’ont été d’aucun secours. J’ai cessé de vivre. Cesse
d’espérer que je puisse être rendu à ton amour. Au sein de la mer Égée,
la tempête a surpris mon vaisseau; bientôt submergé, les vents l’ont
englouti dans les ondes. J’appelais en vain Alcyone lorsque ma bouche a
reçu le flot mortel. Tu ne vois point en moi l’auteur suspect d’une
fausse nouvelle. Elle ne te parvient point par les bruits vagues de la
renommée. C’est moi-même qui viens après mon naufrage te faire connaître
mon triste destin. Éveille-toi, lève-toi, donne des larmes à ma mort.
Revêts des voiles funèbres, et ne laisse point mon ombre descendre dans
les Enfers, sans avoir reçu le tribut de tes larmes.» Ainsi parle
Morphée. Sa voix est celle de l’époux d’Alcyone. Il paraît verser des
larmes véritables. Son geste est semblable au geste de Céyx.
Alcyone
gémit; elle pleure, elle agite ses bras en dormant. Elle veut embrasser
son époux, et c’est l’air qu’elle embrasse: «Demeure, s’écrie-t-elle,
où fuis-tu? Nous irons ensemble chez les morts». Troublée par la voix et
par l’image de Céyx, elle s’éveille. Ses esclaves ont entendu ses cris;
une lampe à la main, elles accourent: Alcyone cherche l’ombre à ses
yeux apparue.
Paul Graham, Poppies in Mist, Bramham, West Yorkshire from the portfolio A1- The Great North Road, May 1982
chromogenic colot print, 19,5 x 24,3cm, MoMA
Patti Smith, Poppies, 1976
album : Radio Ethiopia
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