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20090618

Qui veut la peau de la figuration ?

Peut-être est-ce la faute de Vassily si la figuration est désormais quasi interdite dans la peinture contemporaine ? Jusqu'au 10 août 2009, une rétrospective consacrée à Vassily Kandinsky au Centre Pompidou revient sur l'œuvre du père de l'abstraction : après avoir fait décanter dans un bain d'expressionnisme ses motifs folkloriques comme celui le cavalier, le peintre russe franchit ce pas esthétique en 1912. La toile perd son objet reconnaissable ; la rhétorique symboliste et spiritualiste délivre un message qui se veut universel. Talonneront Kandinsky, Mondrian et sa nouvelle plastique, Malevitch et son suprématisme, Delaunay et l'orphisme, et plus tard Pollock et l'expressionnisme abstrait, le minimalisme... Ainsi, au XXème siècle, l'œuvre d'art change fondamentalement de statut et rompt avec l'exigence de ressemblance. Un style n'en chassant pas un autre, la figuration reste pourtant pratiquée notamment par les surréalistes, par Picasso ou Matisse, mais elle est malheureusement devenue synonyme de programme politique réactionnaire dans le champ du discours historique sur l'art. Le style pictural et l'habileté technique ont été dévalués et sont passés de mode.


Les tendances influencées par Marcel Duchamp ou par les conceptuels règnent désormais sur l'art actuel au point que l'expression « art contemporain » désigne un style davantage qu'une contemporanéité. La peinture figurative y est perçue comme un académisme mélancolique et stigmatisée pour son formalisme sentimental. Aussi, depuis les années quatre-vingt, le peintre figuratif ironise-t-il sur sa pratique dont nombre de Cassandre ont prédit la mort. Un courant singulier de peinture figurative a pu transformer ces critiques négatives en une force de dissidence adoptant la perte de crédit général de la peinture comme moyen de s'affranchir des dogmes de l'histoire de l'art, du bon goût et de l'authenticité. En neutralisant le sentimental, l'humour renverse la culpabilité latente liée aux codes stylistiques de la peinture figurative. A la tête de ce peloton, on trouve John Currin, illustre peintre américain figuratif né en 1962, pour qui la peinture en tant que pratique n'a pas disparu, tandis que la peinture en tant que culture picturale est morte depuis longtemps. La figuration est donc devenu un terrain de jeu élitiste où le kitch, le mauvais goût ou la fiction artificielle se font stratégiques.



Ce cynisme fertile et réjouissant pratiqué par Richter ou Kippenberger en peinture, ou Koons en sculpture doit-il pour autant évincer une esthétique bienveillante ? C'est malheureusement ce que semble penser les galeries françaises dédiées à l'art contemporain argumentant que le temps est à l'insolence critique. Le peintre britannique Glen Brown (1966) évoque ce paradoxe :
« Le modernisme a transformé la main de l'artiste en cliché. Pourtant j'aime les clichés. J'aime les portraits et les fleurs et les natures mortes et les trompe-l'œil, et l'histoire de Van Gogh se coupant l'oreille. Ces choses impliquent du sentimental, et le sentimental, comme les films de Steven Spielberg, me fait pleurer. (…) Pourquoi est-ce que j'adhère à des clichés quand je sais à quel point ils sont mauvais ?» 
Lui aussi parachève ses toiles à la dextre technique d'une ironie adolescente.

Pourtant, il existe bel et bien une peinture contemporaine internationale épousant avec bonheur cette beauté délaissée. Alex Katz, Peter Doig ou Elizabeth Peyton renouvellent le réalisme pictural actuel et déflorent sans mépris l'air du temps. Cette tendance atteste que l'histoire de l'art n'est ni linéaire, ni condamnée au dépassement positiviste de la modernité comme rhétorique, que l'œuvre d'art ne s'accompagne pas nécessairement d'un lourd appareillage critique. Pourtant les galeries françaises ne semblent pas trouver le courage de soutenir l'évidence de cette beauté simple, et non simpliste. Alors, il faut peut-être s'en retourner voir Kandinsky, l'innocenter et s'éterniser davantage dans la dernière salle qui illustre l'ultime période du peintre vivant alors à Neuilly : la vie sentimentale n'y est plus abstraite mais par des organismes grouilleurs et sonores, par des couleurs brouillées comme l'esprit se trouble, félicitée.

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