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20090917

Devenir parano en visitant le Palais de Tokyo

Quand même, c'est curieux : le palais de Tokyo n'a de cesse de démontrer et démontrer encore et encore la photogénie de l'art contemporain qui n'est plus vraiment à prouver. Alors, on foule le sol de la première salle de béton de l'expo Spy Nombers et BAM : ça fuse de monumentalité, VLAN - les lignes filent comme des sabres laser de jedi. SPLASH : il n'y a d'émotion que celle, à la pompe cirée, des vides et des pleins, celui de l'espace pur où tout s'aligne.




La matière de l'exposition Spy Numbers est tout autant l'invisible onde sonore que l'acuité de conscience que la surdité du bourdonnement réveille.
Fasciné, on découvre cette machine de science fiction : il s'agit d'une reconstitution artistique de la très scientifique Terrella de Krisian Birkland. A l'origine, l'engin levait l'invisible en nous mettant en présence avec la transformation des électrons en anneaux lumineux autour des pôles magnétiques d'une sphère. Birkland avait réussi à fabriquer en laboratoire le motif sublime des aurores boréales.

Ici, l'œuvre de Dove Allouche et Evariste Richer (à droite) est indexée au seuil d'activité magnétique ramené sur 24 heures. Ainsi, elle s'active à heure déterminée et il vous faut prendre rendez-vous avec la révélation. On pense automatiquement à la Lampe annuelle de Boetti de 1967 (à gauche) désamorçant par l'aléatoire le fonctionnement esthétique d'une œuvre d'art plaçant le regardant dans une position d'attente de l'épiphanie.


On comprend très vite que l'exposition, sous ses airs de pudeur ludique, avance une théorie nouvelle : l'expressionnisme abstrait mais aussi l'art minimal (ayant pour finalité la révélation de l'espace et la sensation de l'atmosphère), l'arte povera tout proche et l'art conceptuel pourraient n'être que les produits réactif à un air du temps un peu parano. Au palais de Tokyo, cette thèse fonctionne bien mais ça mériterait des années de recherches. L'argument le plus fort est probablement dans cet agencement :

En perspective du mélancolique volume de bronze patiné de Tony Smith (For V.T., 1969) , The Wonder gaze (St. James Park), une impression format affiche datant de 2006 de Ken Gonzales-Day. L'image de lynchage tient sa force de la censure à fonctionnement dénonciateur des corps et des corps effacés par l'artiste. Ne demeurent que les expressions extatiques des personnages, en définitive, ne reste que la paranoïa.
Jusqu'ici, les polyèdres de Tony Smith m'oppressaient délicieusement en me ramenant à mes coordonnées spatiales propres et, conséquemment, fondamentalement centrales - ouais ouais ça va l'ego, merci. Les volumes se faisaient roches romantiques, sublimes. C'est la première fois que je ressens l'accelération de la perspective de Tony Smith comme proprement paranoïaque et que la filiation avec certains fous expressionnistes,Van Gogh ou Utrillo, paraît valide.


La parano s'actualise en permanence dans le fantasme du risque du pire, la fatalité de l'accident. C'est précisément ce que Felix Schiramm réalise avec fracas avec Omission. Le visiteur est tout minuscule face à la monumentalité expressive de cette aile d'avion, écrasé par l'imminence de la chute et du déchirement.

En sortant du Palais : soleil éclaboussant et lumière niaise - j'aime bien quand même ergo ballade. Au-dessus de moi, sur le pont menant au quai Branly, un hélicoptère féroce. Il veut me prendre. Je sais qu'il veut. Je sais que les gens armés dans l'engin savent que j'ai fait un truc mal en 2001. Ca va pas, quoi. Je reviens à la raison quand un roumain me fait le coup de la bague égarrée. Quoique, je regarde la main droite - elle est reliée à mon corps par le bras - : c'est bon, les bijoux de pacotille, mais il y a des plaies mauvasses. Désormais quand je me couperai en dépeçant un poulet, je penserai à Roman Signer :


Spy Numbers joue un joli tour. La rhétorique spectaculaire de l'exposition inquiète ou laisse perplexe : le corps du visiteur est tout entier réquisitionné pour faire sonner les œuvres à l'unisson, ne laissant peu d'interstices à l'esprit critique. En outre, le défaut de textes convaincants dans l'espace d'accrochage (je ne jugerai pas du catalogue que je n'ai que feuilleté) désillusionne : et si, une fois de plus, on s'était fait simplement manipuler par les mains de maître des scénographes et commissaires ? Bref, le plaisir est ici coupable d'avoir été trop provoqué.



Edit : la nuit qui suivait, je rejoignais un homme qui prononça la phrase suivante : "le pire n'est jamais certain". Je me rendais alors compte que, pendant quelques heures à peine, j'avais été négligente. Merci à l'homme.

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