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20091004

Villa Savoye : une superbe machine tournant à vide, tristement.

Autant que faire se peut, le week-end, mieux vaut éviter les expos block-buster intra-muros et préférer le grand air. L'énumération des lieux à voir/visiter au-delà du périphérique est longue comme le bras. Voici pèle-mèle ce qu'il y a sur ma short wish list ces temps-ci : Veilhan au château Versailles, villa Falbala/fondation Dubuffet, le Cyclop de Tinguely, la maison Carré d'Alvar Aalto, Joan Mitchell au musée des impressionnistes de Giverny, Fondation Arp à Meudon, MAC/VAL...
Puisque la trop fameuse Nuit Blanche avait été trop noire de monde pour être accueillante (c'est particulièrement pénible lorsqu'on est en fin de grippe A - mon cas), la frustration nous a menés jusqu'à Poissy le lendemain. Pas de Sarkis, pas d'ultracontemporanéité, mais du bon vieux patrimoine, du culte, du délaissé, du Corbusier.
Visiter la Villa Savoye quand on la connaît par coeur, c'est se mesurer à sa propre capacité de sublimation. Certes, lorsqu'on passe la miniature cubiste de la maison du gardien (splendide !), puis le petit bois, la villa s'impose sculpturalement sur un socle enherbé dans sa fierté virginale sur pilotis. Comme prévue, la beauté est au cube.
On en fait le tour pour pervertir l'orthogonalité : les lignes prennent la fuite, les angles s'aiguisent, les opacités se percent, ce qui était sculpture devient enfin humain parce que versatile, capricieux, calme puis impétueux. Jusqu'ici, je suis toujours un enfant fou, shootée à l'idéalité, seule, la lucky au bec. Pour la peine, on fait des roues.

Il est alors urgent d'entrer dans la machine à habiter, de la faire fonctionner. Elle tournera à vide, décrépie, littéralement : les peintures passent et moisissent, les traces d'infiltration souillent les murs et mes cristallisations. Tout est vide (comme Casimir pendu au mur - voir autour de 3").
Visiter la villa Savoye quand on ne la connait pas davantage, c'est faire le constat de l'entretien minimal de certains monuments historiques. Les cuirs des quelques pièces de mobilier d'époque s'affaissent mollement comme des rides sur le visage d'Opalka. La tristesse et la nostalgie nourrissent forcément une rancune qu'on laisse se désabuser, comme si de rien n'était.

On circule mécaniquement dans la villa baignée de lumière. On marche sur un sol suspendu aux lèvres des percées en bandeaux. Le visiteur devient celui qui cadre les panoramas par ses déambulations. Du salon à la chambre des parents, de celle du fils à celle d'amis, la fonction de chaque pièce se révèle par intuition : les proportions des volumes assignent un programme avec l'autorité du Modulor. Corbu avait raison : c'est bel et bien une machine hygiéniste.
Pour ma part, je rêverai que le contingent soit réglé comme une horloge afin d'en être libérée mais on peut aussi se sentir soumis à la maison, aliéné par le plan dictatorial. Pour avoir séjourné pendant de longues semaines dans un bâtiment de Le Corbusier (au Couvent de la Tourette, pour être impudique), je sais que cette architecture peut susciter autant de plaisir que de folie. Votre comportement se subordonne au bâtiment naturellement, vos habitudes, vos heures, votre perception s'infléchissent pour concorder avec le rythme de respiration du béton.
Le génie et la modernité de Le Corbusier dévaste, oppresse, interroge, ravit, rassure. Vivre là, ce serait donc prendre le risque de ne plus ressembler qu'à cela :


J'en suis !

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