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20110313

Rejoindre l'océan

"Vague", a-t-il écrit. 

"vague", ouais ! 
De froid ? A l'âme ? flou, indécis ? de fond ? d'assaut comme un char, nouvelle, comme l'est le roman ou le réalisme ? terrain vague ! je vague comme j'errerais ? Nerf vaguement sensible.
Bref, lui, celui qui dicte et face à qui j'avais déjà vu comme l'océan m'a donné pour exercice de natation d'écrire là-dessus...


La vague de mer est celle qui m'est première venue à l'esprit, c'est ce motif qu'on va ouvrir.

Tentative de définition, GO.

VAGUE : n.f., 1. forme mouvante constituée d'eau sur laquelle certaines personnes savent glisser - pas moi. 2. impression faisant avancer dans son torse creusé une dépression avançant dans le vide laissé par l'impression. Vide aspirant le plein au dessus de lui. Fossé hurlant au remblais jusqu'à être comblé pour ne devenir qu'une ligne horizontale. Nequaquam Vacuum. Nequaquam Vacuum. Que la dépression se doit d'être mise à mal par l'impression ! (rien de rien à voir : vous pouvez acheter du vide , ce qui est drôle) 3. Phénomène perpétuel consécutif de l'attraction lunaire, à ce qu'il paraît. 4. Truc qui naît, vrombit d'adolescence et crève et recommence comme pour se foutre de celui qui debout, là, regarde et n'est vraisemblablement pas de la nature du Phœnix. 5. Phénomène imitant à s'y méprendre la respiration et ses petits ronflements consécutifs produits la nuit.

Yayoi KUSAMA (1929- ), The Atlantic Ocean, 1978.  
Spray paint on calligraphy paperboard, 27,3 x 24,1cm, MoMA

Tentative de définition, FAILED. Ergo, indéfinissable pour le rédacteur.

Comme tous les motifs foisonnants, prompts à tous les investissements symboliques et existentiels, la vague est un bel objet esthétique parce qu'elle n'a pas de forme arrêtée, qu'elle interroge la ligne et parce que devant elle (singulière et multiple comme des plis de nature) on ressent le grand sentiment océanique. Sentiment plein de spiritualité prêt à naître, vrombir d'adolescence et à crever une fois tournés les talons.

Jackson Pollock (American, 1912-1956), One - Number 31, 1950 
Oil and enamel paint on canvas - 269,5 x 530,8cm, MoMA

Le "sentiment océanique", AH, c'est quoi ? C'est aussi chargé d'intensité que le "sublime" romantique kantien mais le sentiment est plus lisse, plus lisible, plus banal : devant la vague, comme devant le feu, se génère spontanément un sentiment d'ordre, de bien être, d'éternité d'archétypale qui donne envie d'y croire. Devant un Pollock ou un Rothko, on croit aux mondes.

 (qu'on ne vienne même pas évoquer la reprise des yeah yeah yeahs parce oui le sentiment océanique est du dimanche mais supporte pas pour autant la répétition un degré en dessous et une octave au-dessus.)

Toi lecteur, tu la connais bien cette sensation paradisiaque : c'est celle, en vague oui, qui te submerge quand tu tombes amoureux, quand tu manges des œufs brouillés à la truffe, quand t'écoutes de la musique versée de nappes mélodiques qui s'embrouillent, c'est la nostalgie de l'instantané, le sentiment du sentiment, bizarrement c'est le truc le plus simple que tu n'as jamais ressenti. Si ça ne te dit rien, Lecteur, clape ton mac et va en ville.


Richard Diebenkorn (American, 1922-1993), Ocean Park 115, 1979
Huile sur toile, 254 x 205,6cm, MoMA
Ce motif de l'océan a été le premier à être abstrait en 1914-1915 par Piet Mondrian pour qui la vague est un plus et le plus est une croix, pour qui l'immensité est all over.
La vague est fidèle ; révolution permanente, elle ne connait jamais d'intervalle vide. Par la répétition, elle est éternelle et laborieuse ; par sa mobilité, elle est immuable. Paradoxe ouais. Petite obsession fidélité ces derniers temps nourrie par Jankélévitch au moment T : "la fidélité est la vertu de la continuation" ; elle, durable mieux que toute mode développante, s'étale dans l'intervalle chronique et continu des crises. 

Piet Mondrian, Jetée et océan 4, 1914
Fusain sur papier, 51 x 63 cm - La Haye, Collection Gemeentemuseum

En investissant virtuellement, en puissance autant qu'en vertu de croyance, les alentours, la composition sans point focal, sans commencement ni fin, promet l'océanique, l'omnia in omnibus. Si on regarde bien alors, si on investit suffisamment de sa fidélité au monde, la marine expire du tableau si bien que même les yeux clos, on saurait la toucher, l'écouter et la sentir.

J. M. W. Turner, Stormy Sea with Blazing Wreck, 1835-40 
Oil on Canvas. 99.4 x 141.6 cm. Tate Britain, London.

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