STEVE JOBS FUT VEGGIE (un temps). IL N'A PAS INVENTE L’ICÔNE POUR AUTANT...
Désolée, Steve Jobs était cool, Steve Jobs était veggie, Steve Jobs était un génie de l'objet, mais Steve Jobs n'a pas inventé l'icône (ni la souris d'ailleurs, mais y a débat de geek là-dessus).
...MALHEUREUSEMENT L'INVENTEUR DE L’ICÔNE N'EST PAS NON PLUS BILL GATES...
Parce que l'icône est une image, comme tombée du ciel, dont on n'a plus trop souvenir de sa provenance. Elle se reproduit mécaniquement en générant l'inflation de son pouvoir et par conséquent celle de la fascination qu'elle suscite. En la reproduisant, on réinjecte dans les veines du visage figuré de la dynamis, cette force surnaturelle qui vient du passé authentique.
Cette force peut être qualifiée d'éthique car elle vient de la fidélité de l'image à l'archétype.
à gauche : Vierge de tendresse (oumilénié). Russie - XIXe siècle - Musée du Louvre
à droite : Théophane le Grec, Donskaya. Russie - 1392
Voilà l'histoire de base : l'icône maman, dite archétype, n'en est pas une : c'est un portrait. Saint Luc (pas celui-là, mais celui-ci) peint la Vierge qui pose devant lui. Les icônes mariales suivantes sont des copies soumises à la stylistique ambiante de ce portrait physique. La fidélité à l'original (en matière de posture, de cadrage, de détails, de physionomie, d'iconographie) atteste ainsi de la véracité des faits narrés dans le Livre. L’honnêteté de l'image, elle, se mesure à la lisibilité de la différence entre l'archétype et la reproduction mécanique.
Ces deux caractéristiques font de l'icône une preuve par répétition du miracle de l'Incarnation que la répétition elle-même consolide.
Du coup, l'icône n'a pas d'auteur, elle est acheiropoiète (littéralement, pas faite de la main de l'homme). Elle se refuse à tout investissement subjectif, en principe. Elle est la réimpression abstraite (car faite exprès) d'une impression première.
Si dans les premiers temps de l'icône, elle n'exprime pas encore une doctrine des images précisément fixée, au Moyen-âge, elle symbolise la conception d'un ordre immuable : disparaissent la spontanéité et le naturalisme des visages au profit de masques stéréotypés engendrant une distance entre le spectateur et le Saint. La forme, le schéma de composition, ne sont pas davantage naturels : la standardisation de la beauté a pour d'éviter toute utilisation matérialiste de l'image parce que l'icône relève d'un canon formel réducteur, certes, mais a une validité universelle.
... L’ICÔNE PORTE DES NOMS TRES CHOUETTES DE MEDICAMENT/SUPER-HEROS...
L'ambition universelle de l'icône n'est pas non plus schématique : des inflexions de messages génèrent plusieurs types d'icône. Le générique esquisse un geste, une posture, adresse un regard, qui peuvent être considérés comme des attributs.
Le Pantocrator est ce Dieu qui règne et à la classe du Lion. La Donskaya est cette Marie qui donne des petits bisous en Russie, la Glykophilousa fait la même chose mais en Grèce ("la Vierge au doux baiser"), l'Oumilénié est elle aussi toute chamalow (Vierge de Tendresse). La Hodigitria montre le chemin et est très populaire en Russie.
Le Pantocrator est ce Dieu qui règne et à la classe du Lion. La Donskaya est cette Marie qui donne des petits bisous en Russie, la Glykophilousa fait la même chose mais en Grèce ("la Vierge au doux baiser"), l'Oumilénié est elle aussi toute chamalow (Vierge de Tendresse). La Hodigitria montre le chemin et est très populaire en Russie.
École de Novgorod, Christ, Russie Mandilion - début XIIe siècle - Galerie Tretyakov, Moscou
... JE NE CROIS PAS QUE KASIMIR MALEVITCH FUT VEGGIE (on le pardonnera), MAIS IL A RÉINVENTÉ L’ICÔNE...
Là et à ce moment là.
La conceptualisation de l'icône en faisait probablement le meilleur vecteur de l'abstraction : la schématisation de la composition centrée, opposant strictement le fond et la forme prévalait sur la figuration elle-même. L'idée de l'icône dominait sa matérialisation anecdotique, passagère, vouée à être strictement transitionnelle vers une autre icône.
Le caractère noétique du fond d'or byzantin fait place chez Malevitch au nihilisme le plus épuré : BLANC. L'empreinte réinitialisée (genre "rebootons la divinité à Marie" à chaque occurrence, ouais) est réduite à sa plus simple expression : quadrangle noir. Enfin, la différence entre ce qui est figuré sur toile et ce qui fut réel niche dans l'écart de l'ordre de l'interstice entre le quadrangle irrégulier et le carré géométrique.
...TOUT CA POUR DIRE, J'AI MIS A "REGARDE ET PASSE" UN FAVICON, une toute minuscule icône qui précède l'adresse du blog dans l'url. C'est ça et ça me fait très plaisir :
La croix de Malévitch, forcément...
RépondreSupprimert'es INCORRIGIBLE Jules ! Au fait, elle se finalise l'expérience ?
non.
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