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20100419

Les bouffoneries baroques de Jan Fabre chez Guy Pieters

 Billet dédié à ceux qui ont aimé aux larmes Kurenai d'X Japan, un soir.

Pour célébrer son ouverture médiatique avenue Matignon, pile en face de Christies (Paris, VIIIe), la grande galerie belge Guy Pieters expose en guise de profession de foi les dernières réalisations du très belge Jan Fabre (1958, Anvers).

On savait déjà l'artiste polymorphe : le plasticien (dessinateur, sculpteur), metteur en scène et chorégraphe a pour constante la perturbation par l'outrage ironique, la blague graveleuse, le blasphème ou la violence esthétisée. Les deux fois dix-huit bustes (18 modèles en cire noire et 18 tirages en bronze poli) plongés dans un clair-obscur artificiel n'échappent pas vraiment à la règle. 

Faisant suite au travail de Jan Fabre au Musée du Louvre en 2008 dans le cadre de l'exposition Jan Fabre, l'Ange de la métamorphose, ces autoportraits s'inspirent des bustes du XVIIIe siècle - d'où le titre de la série : Chapitre I-XVIIIe.
Fabre reprend à la statuaire classique ses schémas de compositions clairs ainsi que la virtuosité du ciseau : les modèles des dix-huit bustes en cire noire présentés au premier étagae rappellent dans leur précision le travail à l'argile de Houdon :

à gauche : Jean-Antoine HOUDON ( 1741 - 1828), Diderot (1713 - 1784), Salon de 1771. Terre cuite, Musée du Louvre // à droite : Jan Fabre (1958), Chapitre I-XVIII, 2009, buste en cire noire

Vous pouvez le constater : on est loin du portrait à l'antique même si le torse est tronqué ; il s'agit en aucun cas de la célébration intemporelle d'une intelligence, mais bien la transgression par le grotesque des modèles pré-cités :
   Diderot avec bonnet d'âne intégré organiquement 
+ Voltaire avec des petites cornes des familles 
+ Marie Serre tirant la langue comme ce bon Slash qu'on a tant aimé 
+ lunettes de soleil des années 90 

= Jan Fabre ou le satyre des temps post-modernes.  
Regarde donc à quel point je ne fabule pas (et tu pourras passer ton chemin, une fois la démonstration complètement finie) :


à droite : Buste de satyre : Oenochoé plastique, Deuxième moitié du IIe siècle avant J.-C., Basse Egypte. Bronze, Yeux incrustés d'argent, H.: 16 cm, Musée du Louvre // à gauche : Jan Fabre (1958), Chapitre I-XVIII, 2009, buste en cire noire

Cornes bestiales et défenses phalliques agressent comme elles déplacent le point de gravité des bustes - c'est le principe de l'excentricité. Les visages s'effaceraient presque pour ne laisser que saillir et fendre l'air ces excroissances bizarres.

vue de la première salle de l'expo Fabre à la Galerie Guy Pieters : Jan Fabre (1958), Chapitre I-XVIII, 2009, bustes en bronze poli et verni

Les coquetteries menacent et rendent perplexes dans un premier temps, frisent le ridicule et fascinent dans un second : c'est là qu'on atteint le niveau baroque. Les débordements érotiques et l'affabulation égotique sont des outrages à l'autoportrait classique pétri de pseudo-humilité.
Le clinquant transgressif (une nuance juste avant le degré du putassier) des tirages uniques en bronze  poli recouvert d'un verni hi-tech en fait des tonnes si bien qu'il est vraiment difficile de se projeter dans ces volumes-là même si le reflet qu'on y perçoit est bel et bien le nôtre.



Jan Fabre (1958), Chapitre I-XVIII, 2009, bustes en cire noire


Jan Fabre poursuit ici l'entreprise de sa propre mystification : lui qui dit descendre de l'enthomologiste Jean-Henri Fabre, lui qui est absolument obsédé par les insectes, qui parvient à cribler de scarabées les plafonds du palais royal belge, semble capable de métamorphoses similaires à celles de cette faune graveleuse et dégueulasse.
Ces farces d'autoportraits ne font pas qu'insulter les bienséances, le bon goût ou la moralité du beau mais se moquent odieusement de toi et de ta banalité sans cornes, te contraignent, la tête un peu basse, à rire jaune, ou bien vert :



Jan Fabre chez Pieters, c'est bizarre, vivifiant et jusqu'au 2 mai 2010.
Comptez à peine 20 minutes de visite.

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